Recyclage x Fabrication Numérique

Une chute de bois, c'est une invitation à faire !

Faire en recyclant à Toulouse, c’est le nouveau dossier des Cocottes du mois d’avril !

Le recyclage et l’écologie : une actualité, mon actualité !

C’est fou les coïncidences puisque j’anime en parallèle ce mois-ci un Apéro[Ma]ker sur le sujet Ecologie Make ou fake avec le Groupe de travail Ecologie du Réseau Français des Fablabs (RFFLabs). Au Roselab aussi, nous sommes en pleine cogitation et fabrication de notre chutothèque et dans la création d’un Lab écologie (espace de concertations et d’expérimentations citoyennes et professionnelles).

Fabriquer durablement : un basique en construction ?

Tout cela pour dire que plus que ma petite vie, ces questions de recyclage et de durabilité deviennent enfin essentielles à tous projets et surtout à toute personne. Argument de poids, La Cité où j’ai la chance de travailler a pour baseline Innovation collaborative et durable. Au plus haut de l’écosystème de l’innovation d’Occitanie sur une alliance public (La Région Occitanie, Nubbo, Ad’Occ, FrenchTech..) et des privés (Roselab, At Home…), faire durable devient l’enjeu et l’objectif de cet espace pour fabriquer aujourd’hui et demain.

C’est déjà une petite révolution dans les esprits qui s’accompagne de pratiques concrètes et quotidiennes. Faire en recyclant dans un espace du Faire et dans la fabrication numérique, ça veut dire quoi au juste ? Ça se traduit comment ? Et au fond, c’est du make ou du fake ?

Pour illustrer mon propos, je vous propose de découvrir quelques pistes et réflexions illustrées de plusieurs expérimentations makers/faiseurs. Comme toujours, le résultat n’est pas garanti… mais voici mes créations : de la signalétique sur une chute de bois, un bracelet zéro déchet et une expérimentation d’injection plastique pour faire une toupie.

Chutes de plastique.
Le plastique est une des matières les plus décriées niveau écologie. Il est aussi la matière la plus utilisée dans les fablabs en particulier avec l'impression 3D. Il a en effet de très bonne caractéristiques techniques. Il se recycle facilement. La bonne pratique ? A la place de toujours en produire pourquoi pas le recycler ?

Faire en contradiction

Je ne vais pas me (nous) cacher, nous faisons plus (+) durable mais nous faisons tout cela en contradiction. Fabriquer, c’est consommer. Tester, c’est gâcher. Numérique, c’est polluer. Faire une entreprise, c’est parfois cautionner. Je peux continuer encore longtemps… L’essentiel selon moi, est de commencer à faire. La transition impose de la contradiction. Il faut l’accepter. Surtout quand on commence à se poser une question, on ouvre la boîte de pandore à tant d’autres. Il faut savoir faire des compromis.

Un premier grand pas a été franchi, par notre société. Nous sommes alertés et surtout informés que nous devons procéder à des changements importants et immédiats. Nous passons de plus en plus à une autre étape concrète : l’action ou dit dans nos mots, le faire.

Nous devons le faire à un rythme soutenable pour que cette tendance au recyclage et au durable devienne essentielle. Nous allons donc prendre du temps mais nous allons sincèrement et réellement le faire.

Faire circulation

Optimiser un design d’objet, c’est améliorer son rendu, son temps de production, ses bénéfices… et aussi optimiser sa durabilité. Il faut encore une fois se poser les bonnes questions.

Tout commence par le choix de la bonne matière à travailler. Il faut la sourcer : d’où vient-elle ? Comment est-elle produite ? Qui rémunère-t-elle ? Son impact écologique ? Combien de personnes vont l’utiliser ? Sous quelle forme peut-on l’utiliser ? Plus une matière est demandée par le plus grand monde, plus elle a d’usages, plus elle peut être utilisée et recyclée sur une longue durée.

Matière choisie, il faut la fabriquer mais toujours en intégrant les bonnes contraintes de fabrication. Comment puis-je travailler ma matière pour qu’elle laisse le moins de déchets possible ou à l’inverse comment elle peut laisser une partie plus simple à être réutilisée ? Comment puis-je favoriser la réparabilité de ma pièce ? Mon objet est-il si utile ? Comment le fabriquer pour laisser le moins d’impact ? En réalité, on peut résumer par est-ce que mon objet est utile, accessible et durable ? On est dans l’approche LowTech.

C’est là où le numérique devient intéressant puisqu’il permet de tout optimiser et calculer grâce à un ordinateur ou la possibilité d’essayer d’hypothèse sans impact. C’est la principale transformation dans la fabrication : on se pose les bonnes questions dès la conception même d’un objet. 

Nous avons réalisé plus d’une centaine de meubles pour le Roselab, le plus long ?! Bien sourcer le bois pour les réaliser… heureusement SM Bois a répondu présent. Depuis, on garde toutes les chutes car elles peuvent servir ou elles sont en phase de recyclage. en particulier sur notre belle fraiseuse numérique de chez Lasersystem.

Chutes de bois.
Romain d'Ocean Trotter optimisant ses découpes à la laser.

Faire optimisation

Fabriquer dans un espace du Faire permet de se connecter à toute une communauté. Par exemple, quand un industriel ou un menuisier va avoir besoin d’une plaque de bois longue et large, un particulier va lui avoir besoin de plus petits formats, nous avons toujours besoin de chutes même petites pour tester la matière.

La matière première dépend de son utilisateur. Il faut donc favoriser ce partage en le rendant visible et accessible comme avec une chutothèque ou une ressourcerie (poke Tri sera top). C’est de l’économie circulaire. Les déchets des uns deviennent la ressource de fabrication des autres. Encore faut-il savoir où s’arrêter pour ne pas avoir l’effet inverse et simplement stocker… c’est pourquoi je conseille aussi d’aller se rendre dans des ressourceries, le paradis pour trouver des bonnes matières dans une bonne logique et surtout de façon accessible.

Romain d’Ocean Trotter est un as de l’optimisation sur la découpe laser de chez Lasersytem. Tout espace doit être utilisé, c’est normal il fait partie de cette nouvelle vague d’entrepreneur conscient que la durabilité c’est maintenant ! 

Faire réparation

De plus en plus souvent, penser un objet, c’est penser comment le réparer à l’image des objets de Kippit (électroménager réparable toulousain). C’est aussi donner les outils, les savoir-faire, les composants nécessaires et les connexions pour pouvoir réparer un objet.

La documentation, la mise à disposition de chutes ou d’objets en panne, la mutualisation sont tout un tas d’outils à mettre en commun pour commencer à réparer ou à assembler à la place d’acheter. On parle souvent des Repair Café ou Café bricole sur Toulouse, il s’agit d’événements réguliers pour s’entraider dans la réparation.

Sven de Flipr est lui aussi conscient que nous devons agir. Il se déplace donc en trottinette électrique (mobilité douce) et surtout quand elle est cassée, il ne la jette pas : il la répare dans un fablab !

Sven en pleine réparation de sa trot !

Faire exemple

Dans un espace du Faire ou tout simplement pour soi, il faut pouvoir avoir des exemples de ce qu’il est possible de faire pour recycler. Voici trois propositions d’expérimentations makers qui ouvrent le champ des possibles. Faire, c’est aussi prouver des concepts (POC). 

Le bracelet fait à partir de chutes de tissus et personnalisé à la laser.

Faire avec des chutes de tissus

Il me restait des chutes d’un beau tissu utilisé pour un projet de coussin. Elles étaient néanmoins inutilisables pour la plupart des projets en l’état. Grâce à la découpe laser, j’ai pu en faire très facilement un bracelet mignon et atypique en moins de 15 minutes.

La fabrication numérique permet d’aller plus loin dans notre fabrication et dans la réutilisation de nos déchets.

Pour un projet de coussin (à retrouver sur mon instagram), j’ai utilisé du très beau tissu réalisée à Paris par la réputée maisonthevenon spécialisée en tissu d’ameublement depuis 1908.  Le motif vient de deux designeuses studio Inkfabrik élégant, ce velours nommé Idris me correspond. Je ne voulais pas en perdre un centimètre… avec la découpe laser j’ai pu en faire un bracelet. 

Faire avec des chutes de bois

Outre mon projet de tabouret à base de chutes de bois disponible dans le dossier Bois d’Au Boulot Cocotte, j’ai utilisé une chute de médium pour faire une signalétique.

Je souhaitais garder cette approche un peu brute de la chute mais la rendre utile. La découpe laser m’a permis de la graver facilement tout en préservant le message à passer : conserver, partager et réutiliser votre matière première ! Utile, durable et accessible !

J’ai réalisé cette signalétique en urgence pour la Makerfaire Paris 2019 à La Cité des Sciences et de l’Industrie et plus précisément au Carrefour numérique2. Je venais de changer d’identifiant sur instagram, il fallait donc aller vite mais durable ! 

Signalétique chutes de bois.

Faire avec des chutes de plastique

Test d'une presse à injection plastique.
La presse à injection plastique Holimaker disponible au Roselab est un projet de maker devenu une entreprise. Grâce à elle, on peut recycler à foison le plastique.

Au Roselab, nous avons une presse à injection plastique de chez Holimaker qui permet de transformer à l’infini le plastique (enfin presque). A l’aide d’un moule que l’on peut aussi fabriquer par soi-même sur une imprimante résine Formlabs, j’injecte du plastique fondu et je reproduis facilement un objet.

Je dois par contre penser à utiliser un plastique qui se recycle facilement sans perdre ses propriétés mécaniques comme le PLA mais aussi me demander si cet objet mérite d’être reproduit à plusieurs reprises. Le moule conçu numériquement prend du temps mais il est durable encore faut-il en avoir l’utilité pour soi et pour le plus grand nombre. Encore une fois, je fabrique avec les bonnes questions. Je fabrique de façon raisonnée !

Toupies injectées plastique.

Conclusion : Faire différemment ensemble

Ma réponse à la question "make ou fake, l'écologie dans les labs et espaces du Faire ?"

Je pense l’avoir démontré que la fabrication numérique et les Espaces du Faire permettent de recycler et de fabriquer durablement en faisant ensemble. Ces changements doivent être profonds, durables et utiles.

Favoriser la production locale, l’utilité d’un objet et partager numériquement au plus grand nombre nos bonnes idées, c’est être LowTech. On confond souvent les messages et on s’impose beaucoup trop de choses. Tout est affaire de se poser les bonnes questions, de savoir accepter de faire des compromis et d’avoir les bons réflexes. Le Low Tech n’est pas en opposition avec le High Tech ou la fabrication numérique. Il les améliore et les rend plus durables. Il suffit d’aller jeter un oeil au Low-tech Lab ou à l’Atelier des Bricoleurs

Continuez toujours à Faire mais faites durablement !

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